Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/123

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Des jours passent…

Le palais se remplit de gémissements. Du bas des larges pylônes aux galeries des étroites terrasses, des esclaves pleurent, le front dans des voiles, et des soldats se frappent la poitrine.

Le roi, le frère et l’époux naturel de Cléopâtre, au lieu de déclarer femme la jeune reine, sa sœur et son épouse naturelle, a résolu de la répudier.

Cléopâtre doit prendre le chemin de l’exil.

On ignore pourquoi.

On croit que ce maître veut régner seul.

Peut-être…

Le jeune prince est si grave que personne, ni les mages, ni les grands guerriers, n’ose l’aborder.

C’est un deuil universel, la reine étant l’objet le plus parfait du royaume.

Elle danse comme une prêtresse et elle est belle comme une courtisane.

On ne sait qu’une chose, c’est que le jeune prince, pour affirmer sa volonté de lui déplaire, a fait crucifier son tigre favori aux portes basses du palais.

Le tigre a mis toute une nuit pour mourir.