Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/137

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ment nous déranger pour ce que tu me racontes…

Reine est debout, les bras croisés, les yeux en feu, elle a l’aspect sinistre.

En voilà une qui n’est pas de l’espèce qui sont bien gentilles et vous appellent Loulou. Mâtin ! J’ai la sensation qu’elle va me rendre la gifle que j’ai donné à Mme Julia Noisey.

Cela tourne mal.

Je la regarde bravement, mais je tremble.

— Tu as envie de me chasser parce que j’offense ta concierge, ma belle amie ? C’est d’un bon cœur. Seulement, je ne m’en irai pas, j’ai pas fini…

Elle va reprendre son bas noir, et rechausse son pied blanc avec un soin railleur, insultant.

— Écoute, j’aime tes yeux et je sens que je ne puis plus m’en passer. Combien veux-tu me les vendre ?

— Rien que mes yeux ?

Il y a entre nous une barrière, un mur que nous ne franchirons plus, ô Platon !

Je la condamne et je me condamne.

Je ne sais pourquoi je lui ai dit cette chose folle.