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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/150

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l’aurait calmée et je ne risquais pas plus de scandale.

Thilde a un sourire pénible.

— Une drôlesse, soit, mais cependant vous l’avez aimée ?

— Ah ! par exemple, non, Thilde ! je me révolte. Je ne l’ai jamais aimée. Elle est venue se jeter dans mes bras absolument comme elle a dû se jeter à votre tête cette après-midi. C’est une toquée. Elle m’a fait toutes les grimaces, toutes les singeries, et elle m’aurait pris de force, je crois, si…

C’est étonnant comme on nous prend de force souvent. J’ai calculé que durant certaine saison, et « l’heure complique la saison », dit le poète, tenez, au crépuscule, toutes les femmes, vieilles ou jeunes, belles ou laides, peuvent nous obtenir sans amour et, qui pis est, sans désir. Nous n’aurions qu’à tourner les yeux : elles s’arrangent de façon à ce que nous ne les tournions pas. Comme la nuit tombe, nous tombons avec elle. (L’essentiel serait d’allumer une lampe.)

C’est égal, cette Julia est une peste. Je ne lui pardonnerai jamais cette infamie.

Thilde a une voix navrée.