Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/216

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l’horreur de la nuit infernale qui se prépare pour elle.

Elle a un serre-tête de linge blanc, un bonnet d’hospice ; des cheveux gris tombent autour, en mèches luisantes d’une sueur de fièvre.

Son visage est tout réduit, comme en caoutchouc couturé, lacéré sous les stylets impitoyables des rides. Ses yeux, un peu bordés de rouge, noient leur prunelle derrière une taie comme deux têtes de nouveau-nés derrière une vitre sale. Elle a une camisole fort simple, en calicot dur, elle qui aimait les dentelles mousseuses.

Elle me tend la main, une chose déjà morte, craquante comme une feuille jaune, et en me tendant la main, sa camisole s’ouvre : je vois qu’elle a deux emplâtres sur la poitrine.

Non ! ce sont ses deux seins.

Non ! c’est impossible… Je veux, moi, que ce soient deux emplâtres.

— J’ai osé venir, ma tante, parce que l’on m’a dit que cela ne vous déplairait pas.

Elle rit, toussote, ses yeux roulant à droite et à gauche s’égarent dans un bon rêve d’honnêteté bourgeoise.