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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/22

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Je ne peux pas m’empêcher de sourire.

Au centre de la composition, un cœur de paillon bleuâtre ; autour du cœur, des flèches dorées, des broches, tous les menus articles de Paris que l’on vend sous les portes, des galons de jais, des galons de satin, une délicieuse broderie sur guipure ancienne, un croissant, des fleurs de soie, enfin, la rosace d’une cathédrale ! Et des petites lunules courent après des sequins, et des franges d’acier courent après des filigranes. La ceinture se noue sous un monstrueux fermoir de missel. Une boucle qui rougeoie de rubis et d’améthystes, cabochons si colossaux qu’on peut en deviner les défauts du verre.

L’étoffe du corsage est usée, déchirée, luisante, graisseuse à la façon d’un cuir. Cependant, le col, par hasard uni, s’échancre sur une peau blanche, probablement blafarde à cause des céruses.

Au feu de mon cigare le corsage se diamante et les reflets prismatiques de tous les joyaux de quatre sous percent la brume.

Dans la ouate écartée de ce brouillard sale, ce bijou honteux rayonne et me blesse.