Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le testament flambe, je suis débarrassé. Là, c’est fini… Un londrès de cinquante mille francs, ce n’est pas banal, et je mène encore la vie comme je veux. (D’autant mieux, qu’après chicane, ce cigare ne vaudrait peut-être plus rien du tout.)

Je me remets à genoux pour fumer.

Elle toussote, se calme, aspire doucement.

— Quel mauvais garçon, ce Loulou ! Tu reviendras, dis ? Tu es si drôle ! Oh ! tu n’as pas changé, toi ! Cette fumée… cette fumée… Ah ! chéri, chéri, je vois… Je me rappelle des choses… des choses que je ne peux pas dire… Dieu me pardonnera, j’ai tant souffert ! je suis si vieille, maintenant !… Ah ! cette fumée… Chéri ! cette fumée… ton corps si blanc et qui sentait la fraise. Ah ! Loulou !… c’est bon.

Et elle s’endort, paisible, en attendant le plus profond sommeil.

Pauvre femme qui a torturé, pauvre folle qu’on a torturée ? Est-ce bien là cette même bouche qui a râlé, sous la mienne, ce même mot, et ose, enfin, le répéter, mourante, sous le nez de Dieu ?