Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/29

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dis ? je n’en sais rien. Je me crois en face d’Andrel discutant la valeur du système, en amour.

Elle m’écoute avec une bienveillance insultante. Je lui semble de plus en plus ivre. Comme je la supplie de se taire, elle se tait, me regardant fixement, la tête droite. Son fameux corsage me donne des distractions. Y aurait-il vraiment des dents d’ours ? Et des coquillages ? On le jurerait ! Au centre de ce dessin de peau-rouge il y a le cœur, le petit cœur bleuâtre serti de flèches d’argent. Je passe doucement mon index dessus. Je suis comme quelqu’un qui pousse, avec précaution, un jeton sur un damier. Elle accompagne mon doigt et enlève une à une les agrafes. Le corsage tombe, la tente de peau-rouge se replie des deux côtés, et la sauvagesse apparaît.

J’ai, en dépit de mes raisonnements intérieurs, mis mon bras autour de sa taille. Elle est toute contre moi, la tête s’incline, ses paupières se baissent. Elle ne rit pas.

Je suis inquiet. Il m’est impossible, encore maintenant, de m’expliquer pourquoi.