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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/94

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Je mets mon coude sur mon papier, mon menton dans ma paume et j’attends.

— Est-ce que vous travaillez comme ça tous les jours… du même train ?

Une interview ?

— Non, vraiment. Il y a des fois où je suis d’humeur massacrante. Ainsi, quand vous êtes entré, j’avais envie de tuer quelqu’un, ou de me jeter par la fenêtre, je suis très nerveux. Votre venue est une aubaine. Dans nos romans, il y a certaines situations qu’il faut savoir dénouer coûte que coûte. N’est-ce pas votre avis ?

Je raille. Je suis direct, j’ai une jolie ligne, je me regarde marcher avec plaisir… seulement, je réfléchis que, tout de même, c’est en hiver, qu’un duel avec un architecte ce n’est pas drôle, que je ne fais plus d’escrime depuis un mois, faisant trop de femmes, et que, dans les reins, une traître pointe de fatigue…

— Moi, j’ai aussi comme ça des jours où je ne suis pas rose.

Il fume, mélancolique.

— À propos : comment va Mme Noisey ? Voyez mon étourderie, j’oubliais de vous en