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Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/154

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tonne de la rencontrer à la place de la bûche traditionnelle. La salle est sombre, un peu triste pour un magasin.

Oh ! tous les fantômes qui ont touché un instant la terre de leurs talons, où sont-ils ? Où sont-ils ? Les pieds coupés, rangés comme une armée de petits soldats de plomb dans leur boîte, ne marcheront plus, ils n’iront plus ni à l’amour ni à la guerre ; ils n’iront plus à la quotidienne victoire sur la vie, à la victoire du jour sur les ténèbres, c’est pour eux l’éternelle nuit du musée.

— Nous y mettons aussi du poivre contre les mites ! ajoute la gardienne, laquelle ne veut rien négliger de ses devoirs de conservatrice.

Pourvu, mon Dieu, qu’une nuit de décembre, malgré la naphtaline et le poivre, l’armée des fantômes, l’armée des pieds nus, ne fasse pas crouler la forteresse… en éternuant !

Et l’on gravit deux marches, on en redes-