Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/189

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vraiment quelque chose à craindre. Il ne redoute ni n’attend personne, c’est là le secret de sa force et quand il tue il n’a pas la joie du triomphe. Il ne connaît point le désir du mal et la volupté de détruire : c’est un sage.

Sa barque est obèse et lourde avec des bajoues de vieille femme ayant trop parlé jadis. Elle est noire et sale, coiffée de toile rousse à gros nœuds de filin que l’index traître du vent a plusieurs fois dénoués.

Un enfant dirige cette barque, le petit Hereld, et il tient, l’air sournois, les liens compliqués de la voile qui boit l’espace de son aile rageuse. Hereld est presque nu dans une courte tunique d’étoupes ceinturée par une lanière de cuir. Il porte un couteau sur le flanc droit, un couteau à lame plate et large pour écailler les poissons. L’enfant possède un corps frêle cependant déjà tout duveté de blond. La tunique d’étoupes lui forme une toison d’agneau et il a des yeux fixes d’oiseau