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Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/197

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le visage est d’un ovale inquiétant. On dirait que des cheveux plats, collés aux tempes, ou le velours d’un capuchon, encadrent ses yeux immenses d’une douceur merveilleuse, des yeux de jeune fille ombrés de longs cils. Et son nez court, d’énorme chat, ses lèvres un peu pendantes, crachent de grosses gouttes, se retroussent en un rire sourd, un grondement satisfait.

Hereld retient la voile. Ses gestes sont précis et ses prunelles claires. Il sait son métier. Sautant à pieds joints sur les bancs du bateau, il tend tout son être frêle avec un élan de sauvage instinct. Rohild, lui, a saisi son harpon par la pointe, le tâte, l’éprouve du pouce, noue une corde au mât, solidement. La barque évolue, présente sa bajoue gauche au monstre qui se lève majestueusement comme pour saluer ces étrangers. En se levant, presque debout sur les vagues, son corps fabuleux paraît avoir pour jupe toute l’eau écumeuse qui ruisselle de ses flancs et porte, croirait-