Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/42

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pui pour y grimper, et je n’étais plus assez leste pour tenter une escalade par le tronc. Ma foi, je fis le moulinet du sabre, un ancien exercice du régiment, et je lançai mon arme à toute volée en pleine corde. À mon grand étonnement ça réussit. Le pendu s’effondra sur moi, chose horrible, me tint étroitement embrassé. Je sentis tout de suite qu’il était encore en vie puisqu’il avait le désir de me remercier en m’étranglant.

Sauvez donc les gens malgré eux ! Sans l’assistance du maire, un peu revenu de sa surprise, je crois bien que j’aurais eu le dessous. Pendant cette lutte effroyable, d’un mort contre deux vivants, on entendait la course effrénée du cheval qui continuait là-haut, montait la côte au galop de charge. Il ne renâclait point, le carcan des Boursaut et pour une jument de labour elle valait son pesant d’étalons. Notre pendu me lâcha tout de même et je m’apprêtai, en présence de notre maire, à rentrer dans mes fonctions administratives, c’est-à-dire