Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/62

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d’effet. Un sinistre composé, cette drogue, d’alcool d’orge et de graines brunes grossièrement moulues où l’on trouvait plus de cailloux que de sucre.

Amaldo reçut son gobelet plein le premier, selon l’usage, et il mangea, d’un appétit formidable, sa double part de soupe, à laquelle il découvrit une saveur de roussi point trop désagréable.

— Maintenant, celui qui s’endormira sera pendu ! soupira le chef, le capitaine Noll, un robuste garçon blond, d’allures sévères et résignées.

Il plaisantait peut-être, comme le nouveau volontaire, mais à la crispation de sa lèvre on songeait qu’il luttait lui-même contre l’envie maladive de se pendre pour essayer du repos éternel.

Envoyé à la guerre avec des hommes qu’il connaissait peu, le capitaine Noll se trouvait assis entre cet aventurier, qu’il ne connaissait pas du tout, et son très jeune frère, le petit Frey, un enfant de seize ans,