Aller au contenu

Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je m’habituerai, mon capitaine, formula-t-il respectueusement.

Or, Noll se disait qu’il n’aurait pas le temps. L’ennemi à cette heure de la nuit, devait déjà gravir la côte opposée de la colline.

Amaldo, assis pas plus haut que l’enfant, réfléchissait devant le feu. Les autres, étendus, ventre à terre, le menton posé sur leurs poings, épiaient Amaldo, qui faisait vraiment des grimaces d’homme ivre. Noll, sur un pliant, redressant la taille pour demeurer le chef, lui glissa de sa voix morne :

— Il ne faut jamais regarder fixement le feu, cela endort.

La nuit était sombre, sans aucun astre. Rien que le soleil couchant de la chaudière de cuivre, qu’on avait renversée et qui reflétait les braises. Là-bas, autour du chariot, de l’écurie, les rideaux des ténèbres se refermaient, dissimulant l’abîme de la vallée toujours semée de pierres, de feuillures de roc à la fois friables