Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/76

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tira par les chevilles, endormi si profondément qu’il ronflait au lieu de se plaindre. Vers minuit, ce fut un gros rousseau qui s’affala le nez dans la pierraille, les mains étendues. Il émit l’idée crâne de prendre la terre de sa patrie à bras le corps.

— Mon capitaine, je la tiens. Ils ne pourront jamais me la reprendre. Et il sombra dans l’océan noir du sommeil.

Bientôt, il n’y eut plus que trois êtres relativement vivants : Frey, le cadet, Amaldo et le capitaine.

Là-bas, grouillaient les chevaux, masse confuse dans le fictif galop des souffles, dormant aussi, quoique debout.

— Faut-il essayer de réveiller le poste ? questionna militairement le pauvre Frey, dont les paupières battaient de terreur.

— Non, dit Noll de sa voix triste, je vous permets de veiller à leur place.

Mais Frey, qui était le plus jeune et le mieux portant, s’endormit tout de même vers la douzième heure, parce qu’il avait