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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/106

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de fleurs et la mer qui ronronne autour. Des palmiers, des grands palmiers et la permission de courir nue sur le sable. Léon, c’est mon rêve, à moi, d’aller vivre aux colonies !

— Vous êtes libre, Éliante.

— Il faut que je marie ma nièce, que j’enterre mon beau-frère… On n’est libre qu’en tuant tout le monde… c’est un peu vrai.

— Sauvons-nous tous les deux.

— Vous m’épouseriez malgré… les treize ans de différence ?

— Je crois que oui… mais pas malgré la fortune. C’est votre situation qui me fait le plus jeune.

— Vous avez raison.

Comme il souriait, elle ajouta :

— Vous voyez bien que nous nous entendons à merveille, mon petit ami d’amour.

Il fronça les sourcils :

— Ne parlons pas d’amour, sinon je me fâche.

Elle lui prépara, dans une assiette de cristal, des tartelettes de frangipane qu’elle fabriquait elle-même. Elle prenait des petits bateaux de pâte feuilletée et y introduisait une crème jaune, onctueuse, d’un parfum plus rapproché de l’essence pour mouchoir que d’une odeur de pâtisserie, puis elle saupoudrait le tout de vanille.