Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/147

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trer ses amis chez elle et leur parlait des réjouissances prochaines, comme quelqu’un qui n’est pas très renseigné.

— Oui ! mes petits, on espère Lidot, le gros chanteur comique, il a promis, je crois, de venir en Arlequin pour nous amuser, et puis nous aurons le lunch par petites tables, du champagne, le fin fond de la cave de ma tante, du vin retour des îles.

— On va se saouler, quoi ! dit une adorable petite personne en mousseline, sans dessous de soie parce que plus pur et simplement en guimpe de Malines, parce que plus bébé.

— On rigolera ferme ! je connais ta tante, elle sait chauffer son monde. Pour le moment, mes félicitations : les touffes de gui, c’est rudement mieux que les boutons de roses ou les lys de Mme Dupré. On commence à en avoir une indigestion des fleurs de l’innocence ! ajouta une grosse brune, copieusement épanouie dans un corselet de satin imitant le compotier de porcelaine.

Elles étaient là une quinzaine toutes en blanc, des camarades du cours, du lycée, des protectrices de crèche populaire, des pédaleuses, un essaim de papillons couleur de neige, de délicieux flocons, les unes jolies, les autres moins, quelques-unes franchement laides,