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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/176

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qu’Éliante a reçu toute sa fortune en dot lors de son mariage. Rien à faire, naturellement. Mais j’ai reçu, moi, pas mal d’instruction, et, en perfectionnant le chant ou le piano, je puis donner des leçons. Aujourd’hui, une fille n’est plus a la merci de ses parents, elle est libre… Tenez, dans la crèche populaire que ces demoiselles et moi nous avons fondée, je peux me placer en qualité de sous-directrice quand je voudrai, et gagner trois mille francs par an… les leçons en plus, je crois qu’un ménage marcherait tout de même… Tant qu’on est jeune, ça va toujours. Un mari vous achetant le jour de ses noces… Pouah ! C’est vilain ! Il y a des objets qui ne doivent pas s’acheter. Chacun gagne sa vie, voilà !

— On n’achète, en effet, que les objets… de luxe, murmura Léon, un peu égayé par ce verbiage de la raison pure. Vous voulez vous séparer de Mme Donalger, vous aurez tort. Elle peut avoir besoin de vous.

— Allons donc ! Éliante est un cas pathologique, c’est une femme nerveuse, superstitieuse, un peu folle, mais elle n’est pas malade dans le bon sens du mot. Elle crie pour du sel répandu sur la nappe, et elle a peur qu’on casse les glaces… ou les potiches, mais elle est bâtie à chaux et à sable. (Elle baissa le ton.) Elle a