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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/190

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vous qui devez vous élever jusqu’à moi si vous me désirez. J’ai cru un moment que j’élèverais un homme dans le sentiment de mon genre de beauté, qu’il me viendrait un enfant vraiment né de mon amour et semblable à moi. Que je pourrais perpétuer la folie du plaisir… jusqu’à en faire du bonheur permis par les foules. Allons donc ! Les dieux sont seuls, et quand ils se promènent, par hasard, sur la terre, ce sont des cas pathologiques ou des balladins, des histrions… qu’on méprise !

Ils en rient… dans le silence de leur divinité retrouvée, toutes portes closes.

Mon petit ami chéri, mon enfant, toi que j’ai reconnu tout de suite pour un chercheur du dieu, faut-il que tu aies peur de moi ?

Que tu écoutes les femmes d’aujourd’hui, mes pires ennemies ?

Elles naissent fatiguées, aujourd’hui, les petites filles de ma raison, et elles raisonnent… trop.

…Ainsi que divaguent les petits-fils de mon amour, les hommes qui sont réduits à partager leur chair entre elles. Aux unes, la volupté sans la conscience, aux autres la camaraderie sans la passion.

Bonsoir, mes petits enfants, amusez-vous sans moi !