Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/238

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Éliante répondit doucement.

— Pas besoin de mon beau-frère, mes domestiques suffiraient. Eux m’aiment sans discussion.

— Tu vois, rugit Léon Reille, s’emportant tout à fait et se jetant sur elle d’un bond étourdi, tu me mets sur le rang de tes domestiques ? Éliante, tu n’es qu’une… misérable femme !

— Vous l’avez dit, Monsieur.

Il y eut un grand silence.

Mlle Marie Chamerot entrait vêtue d’un idéal costume de cycliste pour fiancée moderne. Prévenue par le petit oncle que le beau jeune homme était là, elle avait procédé à une toilette plus de circonstance, c’est-à-dire qu’elle avait ajouté des fleurs de primevères à son corsage, en souvenir du fameux bal. Elle portait la culotte bouffante en lainage anglais blanc, un boléro blanc sur une blouse de soie blanche serré à la taille par une ceinture de cuir blanc à boucle de nacre, et sur sa tête ébouriffée se posait coquettement, à gauche, un crâne petit feutre blanc pomponné d’une cordelière de soie. Elle était en sueur, bien entendu, car elle avait fait du vingt-quatre sans désemparer, — « oui, mon vieux ! » — mais ses yeux brillaient d’une joie plus profonde que celle que l’on peut ressentir quand on rentre fourbu.

Elle marchait comme un garçon pâtissier qui