Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/252

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volontés, se débattait entre leurs deux bouches.

Il leur suffirait de vouloir… la même chose pour s’unir et n’avoir plus d’histoire, comme les peuples heureux.

— Éliante, mon Éliante retrouvée, murmurait le jeune homme tremblant de fièvre, n’osant pas serrer ses mains de peur de la brutaliser, puisque vous m’aimez, pourtant, ce serait si simple ? Dites ? Allons-nous-en cette nuit n’importe où ! Ne rentrons jamais ni chez nous ni chez moi. Il faut nous expatrier une bonne fois, nous sortir de nous-mêmes. Nous finirons par nous assassiner en jouant tous les deux avec le feu sacré ? Mon Éliante ! Vous êtes trop belle, ce soir !

Elle l’entoura de ses bras, qu’on devinait tout blancs sous leur voile de deuil, plus blancs à cause de la gaze funèbre, et elle cacha sa tête dans sa poitrine.

Il vit de très près les petits oiseaux des tropiques avec leurs becs si fins, dardés en aiguilles, la splendide opale glissa et tomba sur ses genoux.

— Je suis heureuse ainsi, mon ami d’amour ! Ne m’en demande pas davantage ! Comment ai-je eu le courage de venir ? Je ne sais plus ! j’ai voulu chercher une toute petite boîte pour y enfermer un instant ma grande folie de toi.