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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/306

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— Ah ! sur la scène de l’Opéra, dans la pleine lumière d’une grande soirée !… répétait Mlle Fréhel, hochant la tête.

— Il en avait des goûts… votre mari !… balbutiait Léon, s’entrant les ongles dans les paumes.

Il ne fut plus question de fanfreluches.

Quelqu’un semblait être venu s’installer au milieu d’eux, sans cérémonie, et il prenait sa part, absorbait toute la gaieté.

— Nous dînerons bientôt, mes petits, bientôt, et je vous laisserai aller dormir après dîner, car nous sommes tous fatigués, n’est-ce pas. Toi, Missie, tu as faim, tu bâilles… et vous. Louise, vous devez jouer ce soir encore ?

— Oui, un intermède, deux morceaux de harpe chez la baronne d’Esmont. Faut bien reprendre son collier ! (Elle ajouta, caressante :) Pourquoi n’avez-vous pas été une artiste, simplement, vous ?

— Parce que jongler ou danser, ce n’est pas de l’art… c’est…

Elle allait avouer : c’est de l’amour, mais elle se tut.

— Racontez-nous une histoire, Madame, souffla Léon, reprenant ses esprits, une histoire dans le genre de celle des opales, ça nous calmera.