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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/58

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danser, vous ! Ce qu’elle s’en donne quand elle s’y met. Il est vrai qu’elle danse… en robe montante.

S’il l’avait vue danser ? Oh ! oui ! et un tourbillon passait en rêve. Une valseuse noire dont les jupes s’envolaient comme de sombres feuilles d’acanthe autour du beau fruit défendu, d’un corps lisse et souple, que l’on rêvait plus blanc, plus lisse et plus souple parce qu’il était voilé de deuil. Deuil de qui ? Deuil de quoi ? Un affreux deuil prémédité avant la lettre, pour aguicher les pierrots dont l’imagination aigrie de bonne heure, avait picoré le fumier de Baudelaire, les jours de pluie. Non d’un chien !…

(Il essuyait rageusement ses pieds sur un tabouret pompadour couleur de crème à la rose.)

On parla donc des tuberculeux qu’on guérissait radicalement sans que pour cela les affections de poitrine diminuassent le moins du monde, et il expectora les phrases d’homme grave qui possède un jugement arrêté sur tous les cas. S’il n’avait que vingt-deux ans, il connaissait les différentes manières d’être poliment stupide, ne pinçait pas même la bouche, comme elle, cette Éliante si froide, si calme, si parfaitement une honnête femme, possédant le beau-frère sourd, la nièce innocente, des tas d’empêchements à danser en rond… et qui dansait, dan-