Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/70

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des heures, frappait des accords, brisait des porcelaines et se remuait, s’agitait, éventant avec ses jupes de fillette, sa natte mal tressée, l’idole mystérieuse qui se rafraîchissait de la jeunesse éparse autour d’elle comme on se rafraîchit du vent des palmes vertes.

Il fallut beaucoup insister auprès de Léon Reille. Il redoutait le second souper, si différent, sans doute, du premier qu’on lui avait servi en bas, du côté jardin. Côté cour…, ce serait peut-être ennuyeux. Puis il songea aux nombreuses boîtes de bonbons, aux gerbes de fleurs qu’il lui faudrait amonceler sur les tables de ce salon afin d’égaliser les situations, les chances.

— Non, vraiment, je ne puis pas, murmura-t-il vexé. Ce serait trop indiscret (et il appuya sur sa phrase), trop indiscret… le jour d’une visite… de cérémonie.

Éliante sourit :

— Vous reviendrez vendredi prochain, voilà tout.

Il respira, se laissa glisser… Il faisait chaud dans ce salon à la fois exotique et bourgeois. On y respirait une atmosphère de douces griseries. Le beau-frère, suçotant ses petits gâteaux secs, insistait avec la mine d’un vieux chat qui est bien aise de se sentir passer la main sur le dos, certains soirs. Il avait des rhumatismes diplo-