Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/156

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Sur le bac, ils crurent qu’on chavirerait dix fois, l’homme qui tenait la corde ne savait à quel saint se vouer.

Derrière le chalet, ils se quittèrent, se promettant de recommencer dès qu’ils en auraient l’occasion.

— Tu trembles tout de même ! dit Mary anxieuse, le sentant frissonner sous sa malheureuse veste de toile.

— Non, ma petite femme, répondit l’intrépide garçon, c’est mon parrain qui me secoue. Au revoir, mon amoureuse, ne te fais pas gronder et viens à la vallée dès que tu pourras… M. Brifaut te pardonnera sûrement, car il y a un autre bouton de sa rose… Au revoir !…

Longtemps Mary, sans savoir pourquoi, le suivit des yeux dans cette gaie tourmente qui le lui emportait.

Une fois, elle crut que le vent, d’un seul effort, l’avait lancé jusqu’au ciel, puis elle rentra au chalet suivie de Castor moins bruyant. Il fallait se préparer à une correction exemplaire.

Tulotte, après cette escapade sur laquelle d’ailleurs ni Mary ni son chien ne voulurent fournir d’explications, ne décoléra pas d’un mois, et Mary, durant un mois, ne vit pas s’ouvrir la petite porte donnant dans le sentier des Sureaux.

Enfin, un matin, elle réussit à tromper la surveillance de sa geôlière, elle courut tout d’une traite jusqu’à la grille de M. Brifaut. Le vieillard