Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/306

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L’honneur était si grand que l’étudiant enrageait de ne pas être mieux habillé ; il avait dû aider le professeur dans une analyse chimique, et il était couvert de taches.

— Madame, demanda-t-il très anxieux, je voudrais bien me changer ; je suis fait comme un voleur. Nous autres élèves, nous ne restons jamais propres, voyez-vous !…

— Vous êtes un cérémonieux, Monsieur Richard. Je vous trouve superbe, moi !

— Oh ! Madame… Il n’osa pas ajouter un mot, car très décidément son infirmité du diable lui revenait, il avait des picotements précurseurs au fond du nez, à l’endroit où s’attache à l’os frontal la plus importante des lignes du profil.

« Je suis perdu. Ce qu’elle va rire ! » se dit-il désolé.

— Le beau soir ! murmura-t-elle pesant davantage sur son bras.

— Oui, Madame !

Il eut l’idée de pencher la tête en arrière, le sang retomba dans sa bouche, et, courageusement, il se mit à l’avaler, ne pouvant plus le dissimuler d’une autre façon.

— Ce n’est pas la peine, continua la jeune baronne, d’aller loin pour découvrir des fleurs, la fraîcheur, la tranquillité. Ici j’ai des roses magnifiques, une pièce d’eau presque limpide ; on n’entend même plus de voitures. Un coin de province, la rue, et un paradis, le jardin. Mon mari a tort de se mo-