Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/341

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— Mary ! gronda le vieillard exaspéré, vous ne voulez que sa mort, c’est une névrose que je devine enfin. Vous avez la monomanie des cruautés… Ah ! ce pouce, ce pouce long et mince… il est l’indice absolu… je ne l’ai pas osé croire, ce pouce ! Il lui plaçait sous les yeux ses deux doigts rosés ; elle eut un clin de paupière impertinent.

— Ah ! vous savez, mon cher docteur, qu’il est dangereux pour vous d’examiner les défauts de ma personne.

Célestin Barbe hocha le front.

— Mary, vous voulez le tuer ! Moi, je le défendrai, cet enfant ; il est naïf, il est bon. Vous voulez le tuer !

Alors Mary se dégagea, hautaine.

— Tenez, dit-elle, posant sa bourse sur une console, vous ferez monter chez lui, dès demain matin, un lit plus confortable que celui que vous lui avez donné ; j’ai le dessein d’aller le voir très souvent. Vous m’instituez régisseur de votre fortune, mon oncle, et je veux doubler vos aumônes.

Elle ramassa la queue de sa robe, puis, sans qu’il eût le temps de placer le discours violent qu’il s’était juré de lui faire entendre, elle rentra dans son appartement.

Une vie d’exquises folies commença pour Paul Richard. Décidé à ne plus penser, il lui obéissait comme un enfant, passant ses jours à la désirer. Elle, qui savait que le baron de Caumont pouvait revenir de sa fugue d’un moment à l’autre, prenait le