Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/388

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quée, trop puissante pour devenir veule, en s’endormant dans son grand lit solitaire.

Où était le mâle effroyable qu’il lui fallait, à elle, femelle de la race des lionnes ?… Il était ou fini ou pas commencé.

Du reste, quel plaisir l’assouvirait, maintenant que les hommes avaient peur de ses morsures ? Ah ! ils la faisaient rire avec leur décadence, elle était de la décadence de Rome et non point de celle d’aujourd’hui, elle admettait les joutes des histrions dans le cirque, mais ayant, assis près d’elle, sur la pourpre de leurs blessures, le patricien, son semblable, applaudissant avec des doigts solides, riant avec des dents claires et vraies.

Elle aurait bien volontiers offert sa couche au voleur des grands chemins tel qu’on le représente, massacrant les gendarmes ou arrêtant à lui tout seul une diligence du gouvernement ; mais les vols manquaient aujourd’hui de sauvagerie ; que faire d’un voyou pâle qui a tiré sur un unique sergent de ville et s’est ensuite cavalé à toutes jambes ? Où étaient les colères tonnantes des assassins contre la société pourrie : Lacenaire, Papavoine, madame Lafarge ? Crime pour crime, c’était plus grandiose que les mièvreries d’Alphonse, le vitriol des petites couturières, et les habitudes des mondains toujours hystériques avant de frapper, évoquant des idées de folie pour soustraire leurs misérables têtes à la guillotine. Une puanteur, cette série de femmes coupées en morceaux ! L’innovateur