Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et il ajouta :

— Je suis né natif d’Ouessant, voilà vingt années que je suis le gardien de la Tour d’…amour, de la tour d’Ar-Men.

Il ôta sa casquette comme pour saluer quelqu’un.

— Bon ! bon ! balbutiai-je, saisi d’effroi. Je ne voulais pas vous offenser, monsieur Barnabas. On essaie de causer pour passer la mauvaise heure ensemble. D’ailleurs je ne suis pas curieux, moi, je ne tiens pas à me mêler des affaires du voisin.

J’aurais dû avoir une fameuse envie de rire, car, en ôtant sa casquette, le vieux s’était dépouillé de ses cheveux, mais sa tête, blanche et luisante comme une lune, me produisait un effet extraordinaire.

Il fixait ses yeux de poisson crevé sur les miens, me paralysait.

— Quoi que t’as, le Maleux, à me moucharder ?

Je pris le parti de me moquer de lui.