Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/173

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Encore une semaine coula doucement, lentement, sur mon cœur plein à déborder. Je chantais en dedans. Les oiseaux de mon amour essayaient leurs ailes, et je ne manifestais pas ma gaieté pour ne pas irriter le monstre contre eux.

La veille de mon congé, ce fut pourtant plus fort que moi ; je dis, en soupant, vers le dessert, à l’heure où on réfléchit :

— Non, patron Mathurin, ça manque trop de sexe, décidément. Je crois que je vais me marier bientôt. Pourrait-on connaître votre avis rapport au mariage ?

Le vieux me regardait fixement, mâchonnant son pain. Il se mit à glousser comme une poule.

— Y a pas de quoi se moquer du camarade, que je lui ripostai, offensé de ses manières.

Nous étalions des tranches de fromage sur nos tartines, et nos couteaux luisaient durs dans la graisse molle du lait pourri.

Le vent geignait aux portes, un vent fure-