Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/178

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Je repris courage :

— Racontez-moi cette histoire-là… père Mathurin.

— Pas la peine, tu la sauras bien à ton tour.

— Vous devriez donc… m’en garantir, ce serait d’un bon compagnon.

Je m’approchai de lui, et je lui posai la main sur l’épaule. J’avais plus de pitié que de respect pour ce drôle de chef que la marine m’ordonnait de suivre de marche en marche le long de l’escalier du phare, et je ne demandais qu’à lui nettoyer un peu le cœur, comme je lui fourbissais, tous les matins, par pure complaisance, ses fameuses piles de bottes de sardines, qu’il collectionnait des deux côtés de notre cheminée.

Il tressaillit, leva ses yeux morts qui s’emplirent tout à coup d’une lueur phosphorescente.

La pourriture arrive bien à briller, de temps en temps, et tous les noyés que la mer cache en son ventre bleu lui font quelquefois des