Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/18

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trant la porte, me frappa sur l’épaule et me souffla, de l’air d’un qui prierait pour un moribond :

— Courage, mon garçon, et souvenez-vous que vous prenez en mains la destinée de grands navires.

J’eus envie de répondre :

— Des petits aussi, mon commandant.

Mais je tenais à prouver que j’avais de l’éducation, et je lui ripostai en sortant à reculons, le béret bas :

— Bien, quoi, on sera un homme.

Il n’y avait plus à s’en dédire, car on ne plaisante guère dans cette partie de la marine. Quand une fois on y est, on y est. Faut pas leur conter plus tard que ça vous tourne sur le cœur.

— Jean Maleux, que je m’en allais, c’est ta fortune. Tout mettre de côté en attendant leur congé, voilà le plan. Vingt-cinq ans de service, c’est pas le diable quand on est dorloté comme ça. Pas de supérieur sur le dos, la liberté com-