Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/193

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— Elle ne rentrera pas pour dîner ce soir ?

— Je ne sais pas. Quand elle se promène avec des petites amies, on va des fois, tous ensemble, chez le cousin fruitier dans la rue des Bastions. Le cousin garde toute la marmaille. C’est l’époque des cerises. Vous savez, un panier de plus ou de moins… Mais elle rentrera, monsieur Maleux. Il lui arrive jamais de mal, à cette enfant.

La vieille ne savait rien, ne comprenait rien, était sourde, aveugle. Du reste, pourquoi aurait-elle deviné un amoureux sérieux dans ce garçon triste et frappé d’une idée fixe ?

Elle ne mijotait pas, la vieille, dans une tour déserte, où le vrai phare sauveur semblait être le seul amour d’une jeune fille. Non, elle ne pouvait ni comprendre ni m’approuver. Sa nièce n’avait pas l’âge du mariage, et, si elle ardait vers l’amour, c’était selon son petit cœur de coureuse de rues. Elle ne songeait plus au misérable matelot échoué sur son seuil, par une