Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/200

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tranquille, maintenant, j’ai mon compte.

Je n’aurais pas été plus tranquille, en effet, le lendemain de ma mort.

…Le phare ! Mon Dieu, déjà le phare ! Voici la tour…

La tour, prends-garde,
La tour d’amour… our… our…

Les vagues rugissent, le palan grince, il pleut du sel, il vente une brise chaude, une haleine dévoratrice. Je retombe dans l’enfer…

— Ho ! Hisse ! Hisse en haut !

— Bonjour, père Barnabas. Faudra veiller. Le grain s’amasse, que je crois.

— Ben, quoi, il vente… une foutaise ! Le phare ne s’envolera pas sans nous.

Il me reluque en dessous, avec ses regards de bête mauvaise et défiante. Il se défie de moi, parce que chaque congé que je prends le rapproche peut-être de sa destitution. Il croit toujours que je viens de le dénoncer à nos autorités.