Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/212

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de mon métier, et je ne pense pas que je sois malade.

Je suis certain, maintenant, que le vieux a bien toute sa raison, seulement les longues journées passées immobile devant la mer qui danse, muet devant le flot qui hurle, l’ont rendu maniaque. Il a essayé de lire pour s’aller promener dans un autre monde, et il s’est aperçu qu’il ne savait plus lire.

Nous ne causons pas davantage, nous nous comprenons mieux, endurant les mêmes misères sans trop savoir pourquoi.

La misère ? Non ! Nous sommes de bons propriétaires d’une tour de l’État et nos maîtres, absolument. Nous sommes riches.

C’est bien cela le plus terrible. Nous sommes les maîtres, en dehors du service, nous pouvons rêver, dormir, boire, car il y a des alcools, chez nous (et des alcools de choix), nous pouvons jouer aux cartes et nous raconter des histoires. Nous préférons, généralement, rentrer chacun dans notre trou, lui en bas, près de la soute au