Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/215

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J’ai osé dire, une fois, au vieux :

— Vous ne sortez donc jamais d’ici ? Vous n’avez donc plus personne à aller saluer sur terre ferme ?

Il m’a répondu :

— Je ne sortirai que les pieds en avant. Et je souhaite, le Maleux, que je ne crève pas l’été…

— Pourquoi, l’ancien ?

— Parce que si je crevais une fin de quinzaine ça irait encore, mais un commencement… tu serais obligé de me garder… jusqu’à bouillie complète !… N’y aurait qu’un moyen : m’arroser d’eau-de-vie !

Je n’ai jamais envisagé cette perspective.

Le vieux se décomposant au fond de son trou durant que, moi, je ferais flamber le phare, là-haut, de tous les feux de l’enfer, car notre devoir, vivant ou mort, est de brûler pour sauver les autres, de nous consumer sur place pour bien mériter de toutes les patries.

Un jour j’ai demandé (nos conversations se traînent des semaines à raison d’une syllabe par