Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/227

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glissait toujours debout avec des dandinements grotesques. Il hésitait maintenant un peu entre le récif et le chenal.

— Vont venir droit chez nous ! criai-je épouvanté de la hauteur de ce monstre. Ils vont nous écraser.

— Pas de danger, répondit Barnabas, dont je voyais flamber les prunelles vertes tout à côté de moi, la Baleine barre les dessous.

Et il se mit à rire.

L’immense fantôme noir s’abîma tout à coup. Parmi les rugissements du vent, les grondements du tonnerre, on perçut un fracas de planches, un abominable fracas de bois très sec éclatant.

C’était le grand cercueil qui s’ouvrait sur la barre de la Baleine. Puis ce fut fini, tout disparut, emporté par le courant ou s’abîmant aux entrailles de la mer.

— La paix soit sur eux, bégayai-je, me mordant les poings !

— Et sur leurs femmes, ajouta Barnabas d’un ton cynique.