Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/239

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Du côté du Minou, à la fine pointe de Brest, l’auberge-mercerie était louée à deux cabaretiers mâles qui paraissaient plus ivres que leurs clients, de sales rôdeurs mal vêtus.

J’entrai, je déjeunai et je demandai des nouvelles des anciennes propriétaires de ce cabaret borgne.

— Ah ! la mère Bretellec, elle a rentré en ville, s’a mis fruitière.

— Et la petite Marie ?

— La petite Marie… sa servante ?

— Non, sa nièce.

— Nous ne connaissons point ça.

— Une fillette brune, insistai-je, le cœur douloureusement serré.

— Ben ! Elle aura peut-être mal tourné.

Ils se mirent à rire de mon air confus.

— C’est point si rare, que les filles tournent mal, camarade !

Je me retirai, n’osant pas en demander davantage.

J’errais de-ci de-là, comme un chien sans