Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nu, sa croupe verte luisant hors des flots blancs d’écume. Il ouvre la gueule… rien qu’une gueule, sans aucun trou d’yeux. Il est aveugle, mais il m’avalera tout de même. Tant pis pour la gloriole. Je me mets à crier, car mes mains saignent de me cramponner à cette corde. C’est pour de bon que je vais lâcher…

La vieille femme sauvage m’apparaît de nouveau. Elle se penche et elle me tend les bras en ailes d’oiseau déplumé.

— Ho ! Hisse ! Hisse en haut ! Ho !…

On dirait que cette sirène chante son chant de perdition dans l’intérieur de la tour.

Moi je tombe droit au milieu de sa gueule noire.

Je suis arrivé.

Je suis mangé !

Seulement, j’ai plus ma connaissance. Je m’affale comme un paquet de linge.

Et je vois encore cette infernale figure de vieille.

— C’est la camarde, nom de Dieu ! C’est la camarde !…