Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

canon de la vague donnant ses assauts, ébranlant tout l’édifice et le faisant vibrer comme une trompe de cuivre. Je comprenais maintenant pourquoi on attachait les chaises dans la salle à manger ! L’aspiration de l’eau était, en cas de tempête, tellement violente que cela vous attirait dehors tous les objets libres. Les chrétiens aussi, sans doute…

Les nuits de grands souffles, on ne pouvait pas sortir. On se tenait droit, par habitude, mais on se sentait humer du fond qui s’ouvrait en spirale pour vous aider à mieux glisser jusqu’au ventre de la mer.

La terrasse était toute blanche, elle luisait savonneuse sous le talon, allant de la couleur du lait à la nuance tendre de l’eau même, transparente, d’un blanc verdâtre de porcelaine très émaillée, finissant par se fondre avec les vagues.

La mer montait, escaladait, et s’arrêtait éternellement aux premières dalles, retombant, lasse, pour se redresser cinq secondes après, plus