Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/42

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moi, rentra pour allumer une lanterne et s’aller coucher.

Il avait, en bas, une autre chambre ronde, comme un œuf à côté d’un autre œuf, où se trouvait son lit, deux matelas de varech sur deux X de fer, une armoire remplie de vieilles hardes goudronnées et une étagère ornée de livres poussiéreux. Il ne me montra rien, se roula en paquet, sans ôter son surcot, garda même ses lourdes bottes en peau qui lui donnaient la figuration d’un phoque par les jambes, et il se rencogna contre la muraille, grognant je ne sais quoi de sa voix ânonnante.

Je restais sur sa porte, ma lanterne personnelle à la main, ne sachant trop que devenir. Je connaissais bien la manœuvre qui consistait à veiller, en haut, pendant que lui ronflerait en bas ; seulement je ne le trouvai pas bon compagnon de m’assigner la première nuit de garde, alors que j’avais bu plus d’eau salée que de vrai rhum. On met d’ordinaire le novice au courant, et on lui donne quelques tapes dans le dos pour