Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/96

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pas de couleur, pas de reflet, tout était noir, d’un noir intense, tellement intense qu’il en paraissait lumineux ; l’eau recélait une flamme intérieure, un feu sombre qui la faisait plus pure que le jais. On voyait là, au centre même de ce deuil, un objet singulier, ça ressemblait à un bout de bois, un bout de jonc plus pâle à une extrémité. Une bête ? Non. Ça ne remuait en tournant que parce que l’eau tournait autour du roc.

Il venait de loin, ce courant, d’abord furieux, puis plus dissimulé, se resserrant sous la vague jusqu’à pousser devant lui toutes les épaves comme des troupeaux de béliers.

Il avait apporté ça… laissant le reste en route. C’était une épave aussi, une toute petite épave humaine. Cela ressemblait à un petit bout de serpent, un petit bout de serpent rougeâtre dont la tête fuselée serait translucide, en porcelaine…

C’était un doigt.

Il se promenait tout seul. Mon Dieu, oui ! On