Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/112

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en spirale de ses gencives à ses talons. Quoi ? qu’est-ce c’est ? Elle retire cela, du bout de ses deux ongles. Comment ! un caillou dans un croquet du bon faiseur ! Elle s’approche du vitrail vert pâle, derrière lequel s’étend une campagne de rêve, toute verte et toute pâle, puis elle examine le caillou de très près, avec un léger souffle froid sur les cheveux. Cela, c’est une dent !

L’horreur lui fauche les jambes ; elle tombe assise, les prunelles dilatées. Une dent ! La sienne. Non, non, c’est impossible ! Voyons, elle aurait déjà souffert, et elle n’a jamais eu mal aux dents. Elle est encore jeune, elle a un soin scrupuleux de sa bouche, tout en ayant, il faut bien l’avouer, le dégoût profond du dentiste. Elle tâte, là, sur le côté, un peu en arrière du sourire, et constate qu’il y a un trou. Elle bondit, frappe du front le vitrail, regarde à s’irriter les yeux ce petit objet qui luit d’une blancheur un peu jaunâtre. Oui, en effet, c’est sa dent ; elle est