Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/127

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lis s’est crevé au fond, et le lait s’est répandu sur ma robe. J’ai failli sangloter aussitôt en pensant que certains petits enfants n’ont pas toujours de bon lait à boire.

lui (affectueusement) : Oui, cela, c’est bien de ta part, c’est une pensée charitable. (Avec curiosité.) Pourquoi as-tu jeté la rosée ? ce n’est pas sale, la rosée.

elle (très digne) : Veux-tu donc que je boive après toutes les fauvettes du pays ?

lui : (naïvement) : Mais le lait ? Tu l’as bu après le veau, puisque les vaches ont des veaux avant d’avoir du lait ?

elle (dédaigneusement) : Non ! ce que tu es bête ! Comme si on avait besoin de parler de veau en ce moment.

lui (confus) : Je ne trouve plus d’autre plaisir. Tant pis pour le jeu.

elle (péremptoirement) : Cherche.

lui (faisant un effort) : J’aime bien le vin pur. Il me fait mal à la tête, mais j’en bois tout de même à plein verre.