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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/134

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tes petites coquilles de mains ! Donne-moi ta figure, donne-moi ta taille… Eh ! Donne-moi tout, puisque je n’aurai jamais ton cœur. (Il sèche les cheveux sous ses baisers.)

elle : Tu es insupportable !

lui (la regardant avec passion) : J’ai soif ! Donne-moi de cette eau dans tes deux mains réunies en bénitier. C’est étrange, j’ai les lèvres qui brûlent. (Elle puise de l’eau et lui tend ses deux mains pleines ; il boit, éperdu). On dirait du miel, on dirait du lait, on dirait du sang, on dirait du vin, on dirait de l’eau-de-vie. Ça embaume et ça grise. Oui, tes mains sentent la jacinthe ! Oh ! que je suis heureux ! (Il la contemple.) Écoute ! j’ai un moyen de te prendre malgré toi tout entière. Tu vas te pencher sur la fontaine et te mirer, puis tu me redonneras à boire de l’eau que tu prendras à la place où tu te seras vue. Ainsi je boirai ton portrait et tu seras en moi pour l’éternité ! (Anxieusement.) Cela te paraît-il assez convenable ?