Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/136

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lui (enivré) : Comme le vin de la messe !

(Il se roule à ses pieds avec une joie de jeune chien.)

elle (sentencieusement) : Quand nos parents nous marieront, nous ferons bâtir ici notre maison de campagne. Ce n’est pas trop loin de la ville, et le boulanger pourra nous apporter du pain tendre tous les jours. Moi, vois-tu, je ne vivrais pas sans pain tendre.

lui (la contemplant de par terre avec ravissement) : Est-ce vrai que tu me trouves bête ?

elle (qui regarde dans l’eau distraitement) : Oui ! Oui !… Nous aurons une belle basse-cour, et nous mangerons des poulets rôtis tous les jours, excepté le dimanche. Seulement, tu tueras les poulets, car j’ai peur du sang.

lui : Est-ce vrai que tu m’aimes ?

elle (de plus en plus distraite et se penchant de différents côtés) : Nous monterons à cheval tous les matins, j’aurai une amazone de drap gris… Tiens ! Qu’est-ce que j’aper-