Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/156

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tout, n’était qu’une bête quelconque, ce qu’il fallait démontrer ; mais, au soir, ce sacré jardin s’assombrit effroyablement, les buis capucins se vêtirent de teintes crapaud, et l’œil malade, la lucarne du grenier, me regarda, du haut de cette maison triste, avec une horrible expression de désespoir. Je lâchai mes outils, pioche, pelle et râteau, je m’enfuis brusquement sans pouvoir m’arrêter, comme talonné par le dernier buis, qui, maintenant, semblait relever son capuchon vert. Devant la maison, je soufflai un moment, très honteux de ma terreur. Voyons ! Est-ce que j’allais perdre mon beau courage ? « Es-tu un capon ? » me demandait ma conscience. Si je laissais là-bas les outils de jardinage, on dirait encore que je m’amusais à faire des farces. Un piège si bien conçu et si bien exécuté ! Je me retournai pour m’orienter. La fosse était là-bas, quelque part, entre le second et le troisième capucin… Chose étrange ! Dans ce crépuscule, je perdais aussi