Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/179

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côté où la jeune folle, se battant les flancs de sa queue indécise, se demandait ce que signifiaient ces préparatifs de guerre. Les belluaires ne lui laissèrent pas le temps de revenir à la raison. Ils fondirent sur elle, et ce furent des courses désordonnées dans la piste encombrée de mourants. La panthère fuyait, prise d’une terreur superstitieuse. Cela, c’était la fin du monde ! Pêle-mêle, poursuivie et poursuivants culbutaient les corps d’hommes et d’animaux sous l’immense risée du peuple, que cette bouffonnerie nouvelle finissait par détendre. De toutes les places, on jetait à la bête éperdue des pierres, des fruits, des armes. Des patriciennes lancèrent des bijoux qui sifflèrent terriblement en traversant l’espace, et l’empereur, debout, la lapida lui-même avec des monnaies d’argent. D’un dernier bond désespéré, la panthère, ivre de rage, hérissée de flèches, entourée de flammes, se réfugia dans sa cage demeurée ouverte. On referma la grille,