Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/37

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assure ! Je savais qu’au pavillon attenait un hangar où l’on serrait les outils de jardinage ; mais il n’était pas habité. Je me disais que, probablement, quelque araignée d’une espèce inconnue allait me sauter à la face, et, stupide, je demeurais là, les bras figés le long du corps. L’araignée blanche avançait toujours, elle devenait un jeune crabe à carapace d’argent, sa tête se constellait d’arêtes éblouissantes, toujours ses pattes s’allongeaient sur ma tête réfléchie, elle envahissait mon front, me fendait les tempes, me dévorait les prunelles, effaçait peu à peu mon image, me décapitait. Un moment je me vis debout, les bras tordus d’horreur, portant sur mes épaules une bête monstrueuse qui avait l’aspect sinistre d’une pieuvre ! Je voulais crier ; seulement, comme il arrive dans tous les cauchemars, je ne le pouvais pas. Je me sentais désormais à la merci de l’araignée de cristal, qui me suçait la cervelle ! Et elle continuait à bruire, d’un bourdonnement de bête qui a