Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/54

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« Hein ? Quelles ruines ? » demanda madame Téard étonnée.

J’avais les yeux fixes. J’étendis le bras, et Albert Téard se mit à rire.

« Ça, des ruines ! Peut-être que si, et plus sûr que non ! De chez nous, par un jour de pluie, on dirait tout simplement une roche à pic, mais, par le soleil, avec des jeux de lumière tombant des nuages, on croit quelquefois qu’il s’agit d’un vieux château sans porte. Oh ! ne vous y fiez pas !… »

« Vous plaisantez ? »

Je regardais, fasciné, à m’en faire mal au cerveau.

« Non, c’est la roche qui plaisante, reprit Albert Téard. Il n’y a aucune description de ces ruines dans les annales franc-comtoises, et nos paysans, qui n’ont pas le temps de s’amuser, prétendent ne les avoir jamais distinguées, ni au soleil, ni à la pluie. Pour moi, je ne les aperçois plus que vaguement… parce que je sais depuis longtemps à quoi m’en tenir